XVIe PELERINAGE MARIAL                                           . Isaïe XI, 1-10

À KOVIÉ                                                                              . Rom. XV, 4-9

IIe Dimanche de l’AVENT (A)                                            . MATTHIEU III, 1-12

08 DÉCEMBRE 2013                                             

 

 

Il y a six ans, nous nous étions retrouvés sur ce même site à KOVIÉ pour notre dixième Pèlerinage Diocésain aux pieds de Notre Dame des Douleurs, l’Immaculée Conception, la Mère du Seigneur et Sauveur Jésus Christ, l’Etoile de la nouvelle évangélisation et la Mère de l’Espérance. En communion avec l’Esprit Saint et au nom de la Vierge des vierges, accueillons à nouveau la grâce, la miséricorde et la paix de la part de Dieu le Père et du Christ Jésus notre Seigneur (cf. I Tim. I, 2).

 

Hier, nous avons invoqué la Vierge Marie sous le vocable de « Mère du bon conseil », car elle est la Mère du Christ, que le prophète Isaïe appelait par avance « Merveilleux-Conseiller » (IX, 5), et elle a vécu toute sa vie sous la conduite de «l’Esprit de conseil… dont l’ombre l’a enveloppée ». Enfin, Dieu l’a « comblée… des dons de l’Esprit Saint », parmi lesquels se détache « l’esprit de sagesse ». Au cours de cette première Messe de notre Pèlerinage, nous avons demandé à Dieu, par la Vierge bénie, le don de conseil, pour qu’Il nous apprenne à avoir constamment la claire vision de ce qui Lui plaît et nous dirige sagement dans tout ce que nous accomplissons pour la Gloire de Son Nom.

 

Quant à la deuxième Messe en l’honneur de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie, nous l’avons concélébrée hier, par anticipation de deux jours, puisque aussi bien, cette année, à cause de la priorité du deuxième dimanche de l’Avent, cette Solennité  a été reportée au lundi 09 décembre

 

Et c’est le lieu pour moi d’exprimer, en votre nom à tous et à toutes et aussi en mon nom personnel, notre profonde reconnaissance à nos deux Pères prédicateurs qui nous ont nourris abondamment et substantiellement à la table de la Parole d’espérance et de vie au cours des deux Messes d’hier. Que cette Parole semée avec tant d’amour et de feu porte d’innombrables fruits bien juteux dans nos cœurs et nos vies de disciples du Christ !

 

Frères et sœurs bien-aimés, bien chers pèlerins et pèlerines et vous tous et toutes qui êtes en communion avec nous par les ondes de Radio Maria Togo, par la Télévision Catholique Spes (la Chaîne de l’Espérance) et bien d’autres médias de la place, en ce deuxième dimanche de l’Avent (A), le Seigneur nous invite tout particulièrement à la CONVERSION, dès lors que « le Royaume des cieux est tout proche ». Oui, Il nous demande instamment de nous accueillir les uns les autres comme le Christ nous a accueillis pour la Gloire de Dieu (cf. Rom. XV, 7).

 

D’abord et avant tout, il est indispensable que soit continuellement affermie en nous la conviction fondamentale que le Seigneur Dieu ne désespère jamais de personne, quand bien même « son amour et sa présence ne s’exprimeraient jamais que dans la réserve, la discrétion et le respect de la liberté » (cf. Michel-Robert BOUS, Apprendre à aimer, Cerf, 1991, p. 116) de tout un chacun de nous. Cela voudrait dire que, pour le Seigneur, chacun(e) de nous peut, à chaque instant, s’il le veut réellement, commencer un nouvel avenir, une nouvelle vie, quelle que soit sa situation actuelle, quelque inextricable puisse-t-elle paraître à nos yeux d’hommes ou de créatures humaines. C’est donc là que se présente, béante pour nous, l’ouverture à la conversion.

 

Et cette conversion consiste à prendre résolument la décision de cheminer à la suite de JÉSUS, Chemin, Vérité et Vie. Même si ce cheminement peut être émaillé de faiblesses, sa direction doit pouvoir demeurer invariable. Car, qui dit « conversion » dit changement de direction essentiellement au départ, changement de mentalité, renversement de perspective, retournement et renouveau.

 

Et notre conversion prend encore appui sur la miséricorde incommensurable du Seigneur qui, par son pardon offert et accordé, nous remet debout en nous ouvrant ainsi un avenir tout nouveau.

 

A partir de là, il nous faudra « produire des fruits dignes de la conversion » par un effort soutenu pour édifier une humanité plus fraternelle et plus pacifique où il fait bon vivre. Pour cela, force nous sera d’œuvrer inlassablement pour la vérité qui libère et sauve, pour l’honnêteté, la patience à toute épreuve et la tolérance. Oui, en nous laissant aimer par le Père de toute miséricorde qui voit en nous tous ses fils et ses filles de prédilection, en nous laissant attirer par le Fils qui nous a aimés au point de livrer totalement sa vie pour nous, en nous laissant saisir par l’Esprit de sagesse et de discernement, de conseil et de force, de connaissance et de crainte du Seigneur, évertuons-nous tous à être francs, loyaux, sincères : pas de sinuosité, mais une robuste droiture !

 

La sainteté elle-même à laquelle nous sommes tous appelés ne consisterait point à aller hors de notre état ou de notre condition. Elle consiste plutôt à bien accomplir, simplement, honnêtement, ce que l’on a à faire. Il s’agit donc pour nous tous de faire régulièrement preuve d’ardeur au travail, de probité, de justice, de conscience professionnelle, de compétence confirmée dans notre métier ou notre domaine ordinaire d’intervention.

 

Il s’agit, en somme, d’accomplir les choses les plus ordinaires de façon extraordinaire, c’est-à-dire avec beaucoup de soin, de finesse, de délicatesse, avec beaucoup d’amour, en y mettant tout son cœur, et tout cela pour la plus grande Gloire de Dieu.

 

Enfin, quand, dans sa vision messianique, le prophète Isaïe parle du loup qui habitera avec l’agneau, du léopard qui se couchera près du chevreau, du veau et du lionceau qui seront nourris ensemble (cf. XI, 1-10), il entrevoit cette harmonie universelle, cette « création nouvelle » qui n’est autre que l’heureux aboutissement du merveilleux projet de Dieu (son dessein bienveillant), là où il n’y aura plus de forces hostiles à l’homme, où l’homme n’aura plus du tout peur, où les instincts d’agressivité seront complètement anéantis, où les êtres pourront vivre paisiblement les uns avec les autres.

 

Bien chers frères et sœurs, il nous revient à tous d’œuvrer, là où nous sommes et nous engageons, pour que cette belle prophétie, qui correspond au désir le plus profond et le plus authentique du cœur de tout être humain digne de ce nom, se réalise effectivement, au jour le jour, jusqu’à son accomplissement total et plénier.

 

Pour cela, rejoignons l’Apôtre Saint Paul intercédant alors pour les chrétiens de Rome : « Que le Dieu de la persévérance et du courage nous donne d’être d’accord entre nous selon l’esprit du Christ Jésus. Ainsi, d’un même cœur, d’une même voix, nous rendrons gloire à Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ » (cf. Rom. XV, 5-6) : c’est là une mission essentielle qui nous incombe !

 

Qu’à la suite de la Bienheureuse Vierge Marie, la Mère du bon Conseil et l’Etoile de l’espérance, chacun(e) de nous devienne une lumière d’espérance pour les autres en continuant de croire, d’espérer contre toute espérance et d’aimer avec Celle par qui nous a été donné pour toujours le Soleil de justice « qui se lève sur toutes les ténèbres de l’histoire » (S.S., N° 49) et brille de tous ses feux, Jésus Christ, Seigneur et Sauveur, Celui qui a vaincu le monde (cf. Jean XVI, 33) ! Accorde, Seigneur, à tous ceux et celles qui cherchent près d’Elle un refuge de trouver un réconfort, s’ils sont déçus par la vie, de reprendre cœur,  s’ils désespèrent de leur salut, ou d’éprouver  Ton Amour s’ils n’ont connu aucune réelle affection !  Amen !

 

 

Mgr Denis AMUZU-DZAKPAH

Archevêque de Lomé