CÉLÉBRATION                                                                  . JEAN XIV, 23-29

INTER-RELIGIEUSE                                                                   

13 JANVIER 2013                                                                                                                                                

 

Monsieur le Président de la République,

Monsieur le Premier Ministre,

Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale,

Monsieur le Président de la Cour Constitutionnelle,

Mesdames et Messieurs les Ministres,

Honorables Députés à l’Assemblée Nationale,

Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs et

Membres du Corps Diplomatiques et Consulaire,

Révérends Pères, Monsieur le Modérateur,

Révérends Pasteurs, Honorés Imams,

Frères et Sœurs de la Vie consacrée,

Autorités politiques, administratives, civiles, militaires et traditionnelles,

Bien chers frères et sœurs en Christ et en humanité,

Vous tous, distingués Invités à cette célébration Inter-religieuse en cette Journée placée sous le signe de la prière et du recueillement pour l’union des cœurs, la réconciliation et la paix,

 

Les sept versets de ce chapitre XIV de l’Evangile de Jésus Christ selon Saint Jean que nous venons d’écouter se trouvent dans la Liturgie de la Parole de Dieu du sixième dimanche de Pâques (C). Les catholiques auront à méditer à nouveau ce passage le dimanche 05 mai 2013. Ces paroles fortes font partie des confidences de Jésus à ses disciples le Jeudi Saint au soir.

 

Dans cet enseignement, le Christ nous révèle que Dieu est Père. Il est un Père qui nous aime tous sans exception, chacun et chacune nommément, personnellement, tissant soigneusement, de son Amour indéfectible, la trame de nos histoires dont chacune demeure une histoire sacrée, traversée de part en part par le feu incandescent de l’Esprit Créateur et Re-créateur. Le Père a envoyé Jésus. Et, au nom de Jésus, Il nous envoie l’Esprit, Présence vivante qui « nous enseigne tout ». La Trinité n’est pas loin de nous… Elle nous enveloppe de cet Amour ouvert, rayonnant et unifiant qui la caractérise : « si quelqu’un m’aime, dit Jésus, le Père et moi nous viendrons chez lui, nous irons demeurer auprès de lui ». Cette présence de Dieu en nous est source de paix… Elle est source de joie, celle d’aller vers le Père, par le Christ, dans l’Esprit qui est Seigneur et donne la vie.

 

Bien chers frères et sœurs, n’oublions jamais que, pour la naissance de notre Nation, c’est tout notre peuple qui a crié vers Dieu et que le Togo tout entier s’était alors consacré au Cœur Sacré de Jésus pour toujours. N’oublions point non plus que le Togo est l’un des rares pays au monde, sinon le seul, à faire explicitement mention de Dieu dans son hymne national :

 

« Grand Dieu, Toi seul nous as  exaltés,

Du Togo pour la prospérité,

Togolais, viens, bâtissons la cité ».

 

C’est dire que nos Aïeux et les fondateurs de notre Nation ont reconnu et librement accepté que nous soyons le peuple que Dieu conduit avec ménagement, amour et tendresse de sa main paternelle et tutélaire.

 

Et puisque « en chaque personne, le désir de paix est une aspiration essentielle qui coïncide, d’une certaine façon, avec le désir d’une vie humaine pleine, heureuse et accomplie » (Benoît XVI, Message pour la Journée Mondiale de la Paix, 2013, N° 1), il est indispensable « que tous les fils et filles de notre cher pays se reconnaissent vraiment frères et sœurs et qu’ils deviennent capables d’amour au lieu de la haine, d’union au lieu de la division ».

 

Que la Vierge Marie, la Reine de la Paix et la Mère de la Miséricorde, à qui notre cher Togo a été consacré depuis son Indépendance, écarte de nous tout malheur et nous rassemble tous dans l’unité et la concorde comme sait si bien le faire une bonne Mère tout attentionnée.

 

Don de Dieu et œuvre de l’homme (Gabe und Aufgabe), la paix comporte la construction d’un vivre-ensemble fondé sur la VÉRITÉ, la LIBERTÉ, l’AMOUR et la JUSTICE, comme l’avait si bien enseigné le Bienheureux Jean XXIII dans sa belle encyclique « Pacem in terris » (1963).

 

Frères et sœurs bien-aimés, en véritables artisans de paix, comme nous y invite le Pape Benoît XVI, il nous incombe d’enseigneur aux uns et aux autres à s’aimer et à s’éduquer à la paix, à vivre avec bienveillance, et donc à encourager

 

 à « dire non à la vengeance,

reconnaître ses torts,

accepter les excuses sans les rechercher,

pardonner » (Benoît XVI, 15 septembre 2012 au Liban).

 

A cinquante-trois ans de distance, aucun de nous ne devrait perdre de vue la justesse et la signification profonde de la DEVISE de la République Togolaise : « TRAVAIL-LIBERTÉ-PATRIE ». Oui, c’est bien par le travail consciencieusement, régulièrement et soigneusement accompli qu’il nous sera donné de faire progresser et peaufiner notre liberté chèrement acquise pour l’édification d’une patrie digne de ce nom.

 

Et que dire de notre emblème national qui n’est autre que ce beau drapeau distinctif composé de cinq bandes horizontales alternées de couleur verte et jaune !  De plus, il porte élégamment à  l’angle supérieur gauche une étoile blanche à cinq branches sur fond carré rouge. Nous avons là, à n’en point douter, un riche symbolisme dont la méditation bien menée ne pourrait que nous être très bénéfique à plus d’un titre… Le VERT qui  visiblement domine tout cet ensemble nous renvoie continuellement à l’espérance qui ne déçoit point et donc à la renaissance et à l’avènement d’un renouveau multidimensionnel. Quant au jaune, comment ne renverrait-il pas à l’or, inattaquable par l’air, l’eau et les acides (même les plus caustiques), et signe de richesse affermie et de générosité ! Et n’oublions pas que, dans notre hymne national (« La Terre de nos aïeux »), le Togo est admirablement désigné par la métaphore : « l’or de l’humanité » ! Le ROUGE, pour sa part, nous suggère le sang précieux versé par de vaillants et dignes fils et filles du Togo pour que notre peuple devienne une Patrie, une Nation, et, par la suite, un Etat qui se respecte et inspire le respect à tous et à toutes de par le monde.

 

Tout cela nous indique clairement que force nous est de nous atteler tous courageusement, inlassablement et lucidement « à la construction de l’unité nationale ». Pour cela, comme nous y convie notre hymne national, « luttons sans défaillance »,  « brisons partout les chaînes de la traîtrise », « jurons toujours fidélité à notre Nation ». Evertuons-nous à « aimer » véritablement, à « servir » et à nous dépasser…

 

« Chassons du monde la haine rebelle.

A l’étoile de la liberté

Renouons la solidarité

Des Nations dans la fraternité ».

 

Enfin, accueillons généreusement et avec engagement le fervent souhait du Pape Benoît XVI qui attend que tous nous puissions être de véritables artisans et bâtisseurs de paix, de sorte que la cité de l’homme grandisse dans une concorde fraternelle, dans la prospérité et dans la paix. Amen !

 

 

Mgr Denis AMUZU-DZAKPAH

Archevêque de Lomé