Monastère Sainte Claire

 

AKÉPÉ                                                                                  . Is. XLII, 1-4.6-7

11 janvier 2009                                                                       . Actes X, 34-36

Baptême du Seigneur                                                             . MARC I, 7-11

Profession solennelle

 

 

 

 

La Nativité, l’Epiphanie, le Baptême du Seigneur et les Noces de Cana constituent quatre moments clés de la manifestation de JÉSUS dans le monde. Et le Baptême du Seigneur que nous célébrons aujourd’hui vient couronner les festivités de la Nativité de Celui qui est le Maître, l’Emmanuel et le Sauveur.

 

Le Baptême de Jésus est une véritable épiphanie, une nouvelle manifestation de l’identité messianique du Seigneur : l’humanité profonde et la divinité du Christ sont ainsi dévoilées au bord du Jourdain… Cependant, nous nous posons toujours la question que voici : pourquoi donc Jésus a-t-Il accepté et même exigé d’être baptisé dans le Jourdain ? En acceptant volontiers d’être plongé dans les eaux du Jourdain, Jésus manifeste clairement sa solidarité avec l’humanité plongée dans les eaux de la mort… Il assume ainsi sa solidarité avec les pécheurs que nous sommes… Il prend sur Lui-même nos péchés pour nous en délivrer et ainsi nous racheter par le sacrifice suprême dont Il sera le Prêtre et la Victime.

 

Par ailleurs, en recevant librement le baptême, Jésus pose l’acte inaugural de sa mission vécue constamment dans la communion profonde au Père avec la puissance de l’Esprit Saint. Dès ce moment, Il commence sa marche décisive et déterminante vers son mystère pascal de mort et de résurrection.

 

Baptisés à notre tour dans l’Esprit Saint et remplis de cet Esprit qui est Seigneur et donne la Vie, marqués du même Sang, bénis du même Amour, signés du même Nom, porteurs du même Feu, unis au même Chef, nous avons désormais pour mission de témoigner, là où nous oeuvrons, de Jésus mort et ressuscité qui a donné littéralement sa vie pour notre salut à tous.

 

C’est justement en cette fête du Baptême du Seigneur et de l’érection canonique du  Monastère Sainte Claire d’AKÉPÉ que Sœur Myriam a décidé de se consacrer à Dieu pour toujours dans l’Ordre de Sainte Claire, au service de la prière et de la louange.

 

C’est certainement là une décision fort audacieuse, longuement mûrie dans la prière et la méditation silencieuse de la Parole vivante du Dieu Vivant et Vrai. Cet engagement grave et très courageux ne saurait laisser aucun d’entre nous indifférent en ce moment. Il est hautement prophétique en ce sens qu’il nous interpelle tous très fort au plus intime de nos cœurs au point que nous nous demandons en nous –mêmes si nous en serions capables…

 

Sœur Myriam, merci pour ce grand défi que, par la grâce de Dieu et l’intercession puissante de la Bienheureuse Vierge Marie et de Sainte Claire, tu vas relever à l’instant sous nos yeux éblouis, admiratifs et sans doute aussi embués de larmes suintant d’émotion ! Merci de le faire avec beaucoup de confiance, d’allégresse et de joie ! Merci de faire ainsi preuve de cette grande détermination à suivre, avec Claire d’Assise, les traces du Christ pauvre et crucifié qui est allé, en toute cohérence évangélique, jusqu’au bout de l’Amour total dont le propre est d’être toujours exigeant mais aussi gratifiant, libérateur et épanouissant ! Oui, nous te sommes tous reconnaissants de nous rappeler en ce jour solennel qu’au fond, à y voir de près, l’essentiel de l’essentiel consiste pour nous tous à savoir trouver du temps pour la prière qui est principalement louange et adoration. Merci également de nous faire comprendre que notre prière et notre vie auraient tout à gagner à  s’ouvrir aux cris, aux espérances et aux luttes des hommes, des femmes, des jeunes et des enfants d’aujourd’hui qui nous demandent de les aider à trouver de réelles « raisons de croire, de vivre, d’espérer et d’aimer » (Mgr Anselme SANON) ! Merci de nous rappeler qu’un engagement de cette trempe ne saurait aboutir sans le soutien de la grâce de Dieu, l’intercession de la Vierge Marie, la Mère du Rédempteur, et l’aide précieuse des Sœurs de la Communauté et de l’Ordre de Sainte Claire, sans oublier celle des frères et sœurs dans le sacerdoce baptismal !

 

Oui, chère Sœur MYRIAM, par-delà notre admiration, nous prenons nous aussi l’engagement de t’accompagner de nos prières et supplications pour qu’il te soit donné de t’épanouir dans la « sequela Christi » et de persévérer jusqu’à la fin en comptant toujours sur le Seigneur et en étant sûre de sa Parole de salut, d’espérance et d’amour.

 

Avec l’Apôtre Saint Paul, nous demandons pour toi au Seigneur de te donner de demeurer « joyeuse dans l’espérance, patiente dans l’épreuve et persévérante dans la prière » (Rom. XII, 12).

 

Enfin, avec le Cardinal J.A. MALULA (« Méditations sur les vœux »), nous souhaitons vivement que tu sois totalement « saisie par la Charité du Christ pour être libre par rapport aux biens de ce monde, par rapport à l’amour humain, par rapport à ta propre volonté pour manifester le Christ Crucifié et Ressuscité par toute la vie ».

 

Bien chers frères et sœurs, à l’instar de Sœur Myriam, nous avons tous à répondre, là où le Seigneur nous a voulus et semés, à l’appel universel à la sainteté, selon la vocation de tout un chacun. Dans sa Lettre pastorale sur le nouveau Millénaire, Jean-Paul II invitait tous les fidèles à devenir des saints.

 

Pour parvenir à cette sainteté, il n’a pas manqué de nous proposer des moyens : l’écoute renouvelée de la Parole de Dieu, l’art de la prière, la participation consciente et active à l’Eucharistie, la redécouverte du Sacrement de la Réconciliation, la promotion d’une spiritualité de communion. Pour l’heure, préparons-nous à vivre en profondeur l’Eucharistie de cette fête : qu’elle nous purifie, nous sanctifie, nous renouvelle et nous donne le goût de demeurer dans l’intimité profonde avec le Christ afin de porter beaucoup de fruits pour la Gloire du Père et pour notre salut ! Amen.

 

 

Mgr Denis AMUZU-DZAKPAH

Archevêque de Lomé