COLLEGE ST JOSEPH

Jubilé de diamant

(60 ans)

15 MARS 2008

 

. II Samuel VII, 4-5a. 12-14a. 16

. Ps. 88 (89)

. Rom. IV, 13. 16-18. 22

. Luc II, 41-51a

 

 

Le Collège Saint Joseph de Lomé-Tokoin a bel et bien soixante ans ! Le Collège Saint Joseph est en grande fête ! Le Collège Saint Joseph célèbre, en ce jour béni, son jubilé de diamant. Et, à cause de la priorité légitime de la grande « Semaine Sainte », la Solennité de Saint Joseph, l’époux de la Vierge Marie, a été anticipée de quatre jours ; voilà pourquoi nous la célébrons à cœur joie, dans une immense action de grâces au Dieu de toute bienveillance, en ce samedi 15 mars 2008, en la Vigile du Dimanche des Rameaux et de la Passion du Seigneur.

 

Les Evangiles, vous le savez, sont plutôt discrets sur la vie, le portrait et la mission pourtant irremplaçable de ce grand Saint qui a été donné comme protecteur à notre Collège, voici exactement soixante ans, par celui qui en est le fondateur, Monseigneur Joseph STREBLER, de vénérée mémoire. Et c’est le bienheureux Pape Pie IX (1846 – 1878) qui, en 1870, proclama Saint Joseph patron, c’est-à-dire protecteur de l’Eglise universelle, et fixa sa fête au 19 mars. Quatre-vingt-cinq ans plus tard, Pie XII le donna comme modèle aux travailleurs en 1955 pour conférer un sens plus chrétien à la « fête du travail » fixée déjà au 1er mai.

 

En ce jour où nous célébrons le jubilé de diamant du Collège Saint Joseph, il est tout à fait juste et bon que nous prenions le temps de contempler tant soit peu, en celui qui en est le protecteur, sa paternité, son silence éloquent, la conscience aiguë qu’il s’est acquise de sa mission et ce que l’on pourrait appeler sa puissance bénéfique et salutaire.

 

« Ombre du Père » (P. André DOZE), Joseph s’est essentiellement révélé pour Jésus, le Fils bien-aimé du Père, conçu du Saint Esprit et né de la Vierge Marie, comme le visage du Père éternel. Il était véritablement le père légal, le père nourricier, le père putatif, le père adoptif de Jésus. Comme l’a si bien exprimé Saint Jean Chrysostome, « Dieu avait décidé d’accorder à Joseph tout ce qui peut appartenir à un père sans léser la virginité ». La paternité de Saint Joseph est « une participation à la paternité divine qui s’est imprimée en lui comme un caractère ineffaçable. C’est en pleine dépendance du Père céleste qu’il prend ses décisions et porte ses responsabilités » (Gaston COURTOIS, Face au Seigneur, tome IV, p. 140). De son côté, Bossuet reconnaît en Saint Joseph « cet homme selon le cœur de Dieu », celui qu’Il a trouvé digne « pour déposer en ses mains ce qu’Il avait de plus cher :

 

-        la personne de son Fils unique,

-        l’intégrité de Sa Sainte Mère,

-        le salut du genre humain,

-        le secret le plus sacré de son conseil,

-        le trésor du ciel et de la terre ».

 

Mais, à y voir de près, c’est finalement à l’école de la Vierge Marie que Joseph apprit à regarder, à accueillir et à guider Celui qui est « la lumière des hommes ».

 

Homme du silence méditatif, Joseph est bien celui-là à qui les Evangiles consacrent en tout et pour tout vingt-six versets. Ils ne le nomment que quatorze fois. Et, le comble, c’est qu’ils ne citent pas une seule parole de lui ! « Après sa mort, il se fait autour de son nom comme une conspiration du silence » (P. Stéphane PIAT, Saint Joseph, Editions Franciscaines, p. 3).

Tout cela serait-il dû au fait que Joseph ne parlait pas du tout ?

 

Bien conscient d’être le gardien de Celui qui est en personne la Parole substantielle du Père, Joseph nous rappelle à tous, par son silence éloquent, que, s’ « il y a un temps pour parler », il y a aussi « un temps pour se taire » (Ecclésiaste III, 7). Oui, par son silence méditatif, il nous a donné l’exemple de la maîtrise de sa langue, cette langue qui « est un gouvernail délicat dont les fausses manœuvres font dévier de leur route les plus gros navires » (Jacques III, 4). Par-delà la virilité de son caractère, le silence de ce réaliste au regard candide et profond qu’est Joseph traduit, en un certain sens, la rectitude de son jugement, la perfection de son équilibre et la délicatesse exquise de son cœur.

 

« Vir justus », homme de devoir, homme juste qui s’est toujours appliqué à s’ajuster à la volonté de Dieu et à ses plus secrets désirs, Saint Joseph était un grand consciencieux. Sa conscience aiguë et bien aiguisée était faite de fidélité à Dieu et aux engagements pris pour son amour quoi qu’il arrive et quoi qu’il lui en coûte. Elle se caractérisait par « une plasticité amoureuse du vouloir humain à la volonté de Dieu » (Gaston COURTOIS, op. cit. p 147). Et loin d’être servile, son obéissance fut toujours active, intelligente, prudente, « cherchant loyalement dans les limites de l’épure proposée par Dieu ce qui lui semble le mieux, soit pour exprimer sa fidélité, soit pour servir les intérêts qui lui sont confiés » (G. COURTOIS, op. cit., p 148). Homme juste et généreux, il était « prêt à tous les sacrifices, abandonnant sur l’heure les conseils de la prudence humaine, pour obéir promptement aux ordres de Dieu » (Abbé PAUL, Le dessein de Dieu et les merveilles de son Amour miséricordieux, 11e éd., Paris, Téqui, 1976, p. 161).

 

Enfin, en parlant de la puissance de Saint Joseph, il ne saurait évidemment être question ici de l’amour de la puissance, pour la puissance mais bien plutôt de la puissance bénéfique et salutaire de cet immense amour que ce serviteur fidèle du Seigneur est capable et disposé à faire déverser abondamment sur nous dans la mesure où nous recourons constamment à lui en toute confiance. Sainte Thérèse d’Avila, qui en a fait la merveilleuse expérience, ne peut que nous y inviter ardemment : « Je pris pour patron et pour intercesseur le glorieux Saint joseph, je me recommandai beaucoup à lui, et j’ai reconnu depuis que ce grand saint m’a donné une plus grande et plus prompte assistance que je n’aurais osé la demander. Je ne me souviens pas de l’avoir jusqu’ici prié de rien que je n’aie obtenu, ni ne puis penser sans étonnement aux grâces que Dieu m’a faites par son intercession, et aux périls dont il m’a délivrée, tant pour l’âme que pour le corps. D’autres personnes à qui j’ai conseillé de se recommander à lui l’ont éprouvé comme moi… »

 

Alors, qu’attendons-nous pour nous confier à lui et le supplier de nous venir en aide par les temps qui courent ?  Supplions-le d’aider les parents à remplir leur mission irremplaçable d’éducateurs, et de multiplier partout à travers le monde, des serviteurs et des servantes de la croissance divine dans les cœurs et les âmes des enfants. Oui, supplions-le aussi de garder nos jeunes contre les pièges du Malin, de les aider à s’orienter à bon escient vers l’état de vie qui soit conforme au dessein ou au projet d’amour de Dieu sur eux. Confions également les jeunes foyers à Saint Joseph ! Supplions-le de multiplier à travers le monde de beaux et solides foyers chrétiens, ouverts et rayonnants !

 

Frères et sœurs bien-aimés, la grandeur de Joseph est extraordinaire. « L’Esprit Saint, l’Epoux de Marie, le désigne époux de Marie, comme lui. Le Père, le seul à nommer son Engendré, lui accorde le pouvoir de donner comme Lui un nom au Fils. Dieu introduit ainsi Joseph au plus profond de sa réalité intime » (Victor SION, La grâce de l’instant présent, Editions des Béatitudes, 2007, p. 207). Allons donc à Joseph si profondément introduit dans l’intimité de Dieu !

A son école et à celle de la Vierge Marie, laissons-nous aimer gratuitement par le Père, et laissons-nous attirer par le Christ qui est la Vie, le Principe et la Fin de tout comme nous le dit clairement l’Apocalypse : « Je suis le Principe et la Fin ; celui qui a soif, moi, Je lui donnerai de la source de Vie, gratuitement » (Apoc. XXI, 6).

 

Avec et par Saint Joseph, prenons tous ce matin l’engagement de relever le défi de l’excellence à tous les niveaux ! Amen !

 

 

Mgr Denis AMUZU-DZAKPAH

Archevêque de Lomé